Le projet est un travail de mémoire. Il se base sur le constat de l’évident décalage du bâtiment et de l’offre.
Rue Saint Fé, on est au cœur de l’hyper centre marseillais, avec une clientèle jeune et multiculturelle. Le bâtiment Dames de France est au milieu de la plus grande artère piétonne. C’est le dernier grand magasin du centre ville. Il appartient à la mémoire collective marseillaise mais ne colle plus aux attentes de sa population.
La première ambition est de se réapproprier la ville, de retrouver sa place grâce à la monumentalité du bâti qui revêt sa couleur blanche d’origine. De nouvelles grandes portes sont ouvertes sur la ville et les vitrines décloisonnées offrent une interactivité entre le passant et le magasin. La deuxième ambition, c’est de se réapproprier le bâtiment travestit, abîmé, oublié…
On décloisonne pour retrouver l’enveloppe originelle, les baies dérobées, les sols cachés. Ces surfaces reconquises nous placent dans la vérité du lieu. On efface le standard, le toc, le lisse. La technique minimisée reste apparente pour conserver le maximum de volume.
Dans cet espace ressuscité, on réorganise les circulations. L’ascension est codifiée autour de l’ancienne trémie suggérée par une surface argentée où se glisse l’escalator noir.
La cage d’escalier dans son voile rouge passé se love derrière une boîte noire déclinée à chaque étage en autant de vitrines intérieures. L’espace est scandé de repères à chaque niveau dans des univers différenciés. Le visiteur-spectateur-acheteur se déplace dans un
environnement balisé donc rassurant. L’identification se fait par signe. Au delà des clichés, on est quand même frimeur, filous… voire même un peu fainéant, soleil oblige. Sur le mode de la dérision, on trouve donc un container tombé du ciel, des baraques de chantier, des billots de bois, des fauteuils. Avec une offre renouvelée, les Galeries offrent une expérience nouvelle à l’acheteur-acteur. Un nouvel espace de convivialité avec des scénarios différents pour un magasin en mouvement. On ne cache rien, on donne même à voir le bachotage. Un restaurant s’installe à l’entresol dans les anciennes réserves laissées dans leur état d’origine. Réinvestir à l’économie le bâtiment c’est transcender l’héritage. Le grand magasin de la mode c’est l’histoire retrouvée.
A Saint Fé, la mode vit encore plus fort.
Équipe José Morales, architecte mandataire
Maître d’ouvrage Groupe Galeries Lafayette
Lieu Marseille
Surface utile 5 000 m²
Budget 3 000 000 €
Calendrier 2005
Programme Création de grandes portes ouvertes sur la ville. Décloisonnements pour retrouver l’enveloppe originelle, les baies dérobées, les sols cachés. Création de boîtes noires pour enrober les escaliers. Réorganisation des circulations. Repères scénographies pour chaque étage, création d’un espace de convivialité et d’un restaurant au sous-sol
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