Poste source de Château-Gombert

A Château Gombert, la ville s’est installée tardivement et brutalement sur des terres agricoles longtemps préservées. Les grands territoires des bastides marseillaises se sont fondus dans un tissu hétérogène alternant logements individuels et collectifs, bâtiments industriels ou équipements publics et universitaires.
Le long de la route de Notre Dame de la Consolation où va s’implanter le projet, nous sommes dans ces espaces disloqués où les échelles s’alternent chaotiquement. Le terrain aux allures de no man’s land agit tout de même comme un espace de répit avec les traces à peine effacées d’un passé agricole. Il forme une fin de vallon ouvrant une perspective lointaine vers le centre ville.
Nous avons souhaité mettre en scène, donner à voir une économie de consommation de territoire en proposant une architecture compacte, une volumétrie qui s’efforce d’investir avec modération un «  reste » de territoire de grande valeur. Il s’agit donc d’un bâtiment conscient de son foncier, aussi précautionneux de son site que s‘il avait été pensé dans un environnement rare et dense. Le projet s’installe longitudinalement sur le site, du nord au sud, en écho aux implantations des autres architectures mitoyennes. Il est dans le sens du vallon, minimisant l’impact frontal depuis la rue en scénographiant une porosité depuis le Nord. Les unités programmatiques sont organisées en deux entités qui vont s’installer suivant cet axe longitudinal, ménageant des vues vers le sud. Ce sont des blocs autonomes dont l’enveloppe s’adapte à leur fonction.
De formes simples et étirées, elles oscillent délicatement pour introduire un frissonnement structurel qui s’affranchit de la géométrie des entrepôts voisins. Structurellement épaisses, elles assument leur minéralité par un béton blanc tramé. Elles s’incarnent en deux roches effilées qui reconstituent un paysage. Elles accompagnent le vallon en glissant vers le sud et assument une minéralité immanente. Elles rassurent et sécurisent tout en assumant une transition d’échelle progressive avec l’entrepôt voisin. Leur proximité génère un entre-deux, une gorge tendue, aux légères inflexions sibyllines. Le béton garantit une continuité depuis la voirie, se développe sur les trottoirs, se retourne sur les façades sans aucune rupture mais par fractionnement. Le bâtiment est déformation par emboutissage de son contexte – homogénéité entre le bâtiment et son support. Cette croute minérale est ainsi déformée, modelée pour venir gainer le programme composite du poste.; il en résulte deux monolithes aux arrêtes ciselées qui découpent le ciel, un bâtiment dense et énigmatique.
Son implantation optimise l’occupation de la parcelle pour générer un espace libre et planté au voisinage des habitations le long de l’impasse Barielle. Le bâtiment se creuse à l’est en rez-de-chaussée pour décomposer les échelles, organiser et protéger les entrées des salles HTA.
Les ouvertures longitudinales permettent d’altérer la matière, la découpant en fines lamelles de lumière. Sur un rythme aléatoire elles séquencent la façade en soulignant ses sinuosités. Les éléments de serrureries, grilles et portes sont composés d’éléments d’acier brillant qui se déclinent dans les modules de béton. Ils se substituent à la matière minérale pour alterner des surfaces mates et brillantes. La blancheur du bâtiment lui donne une descendance méditerranéenne. La laitance du béton accroche la lumière qui transforme le bâtiment tout au long de la journée. Si le site est sécurisé par une haute clôture en barreaudage, les transparences ménagées autorisent les vues lointaines.
Le programme paysager s’efforcera de restituer l’écran végétal le long de la clôture et du canal existant par un reprofilage des talus et par des plantations supplémentaires d’arbres de haute tige afin de minimiser l’impact du bâtiment dans son environnement proche. Le projet peut alors assumer son statut d’équipement de service au cœur de la ville, pour et avec la ville tout en révélant une nature oubliée.

 
 

Équipe   José Morales, architecte mandataire /  TPFI, BET TCE
Chef de projet   Émilie Damiano
Maître d’ouvrage   RTE
Lieu   Marseille – Château-Gombert
Surface utile   1 626 m²
Budget   3 000 000 €
Calendrier   2013
Programme   Construction d’un PSEM avec la mise en place de 3 loges de transformation équipées de transformateurs 225/20 kV

 

 

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